EN ATTENDANT CHICHI...

Publié le par Monsieur Aponaute

Avec Chichi, restons quelques moments
encore dans la joie de la mi-carême...

ENCORE QUELQUES LIGNES !!!

La "revue de ligne", pour online, c'est ainsi que l'Aponoblogue nommera désormais ses revues de presse en ligne. A l'heure qu'il est d'ailleurs, notre bien-aimé-Président-à-vie, qui prépare fébrilement dans son bureau son intervention de ce soir, doit donc se préparer fébrilement !

 

 

 

Mourad et Abdoulaye, casseurs : «On y va pour dépouiller !»
Cécilia Gabizon
Le Figaro, 29 mars 2006 (Rubrique France)

Deux adolescents de la cité Verlaine à La Courneuve racontent pourquoi ils se sont invités dans la manifestation parisienne.


Mourad, 16 ans, et Abdoulaye, 17 ans, ont poussé dans le béton de la cité Verlaine de La Courneuve. Hier, ils ont rejoint la manifestation parisienne pour la première fois depuis le début de la contestation anti-CPE. Pour eux, c'est l'occasion de se «faire du fric, vite».

Pendant des semaines, ils avaient ignoré ce mouvement qui agitait le pays. Mais depuis quelques jours, chacun l'avait à la bouche dans la cité. Le téléphone arabe avait transformé la casse de l'esplanade des Invalides de jeudi dernier en épopée. Un récit fait d'action et d'argent, de cris et de coups, le tout en une centaine de mots. Les cent mêmes mots qui semblent contenir toute leur vie. Et c'est toujours avec ces pauvres arguments qu'Abdoulaye et Mourad enrôlaient lundi pour la manifestation parisienne du lendemain.

«Ça va être chaud», lancent-ils. En face, certains connaissent à peine la capitale et hésitent, mais les leaders ont réponse à tout : «Notre Paris, c'est les manifestants.» Une géographie de voleurs, qui suit ses cibles qui défilent sans regarder autour. Le rapport «C'est clair qu'on y va pour dépouiller», avoue Mourad. On attaque dès le début, on prend tout ce qu'on peut.» Ils frappent «pour bloquer les cris, supprimer le signal d'alarme». Faire peur pour abolir la résistance, paralyser victimes et entourage, leur spécialité.   

L'émulati
on de la bande

La violence est à la fois leur marque de fabrique, le ciment qui lie leur groupe et ce qui les isole des autres. Seuls, Mourad et ses copains se font transparents, se sentent minables. Mais en bande, ils ne connaissent plus de limite et s'en prennent aux «faibles» qu'ils méprisent soudain. «Pourquoi je penserais à eux, s'étonne Abdoulaye. Est-ce que quelqu'un pense à moi ?» Il s'est exonéré des règles depuis bien trop longtemps pour s'émouvoir. Lui qui bouscule sa mère et la «renvoie dans sa cuisine» lorsqu'elle tente de le retenir. Il vit chez lui comme à l'hôtel, profite du lit et du couvert, mais ne touche pas un sou de ses parents. Il se débrouille seul et vit de rapines. Voler lui apporte du superflu, un look de flambeur, de l'équipement audiovisuel digne d'un stand d'exposition. 

Même les grands frères n'osent plus s'interposer. «On est pire qu'eux et ils le savent», dit Mourad fièrement. C'est une génération de caïds qui ne veut pas attendre, qui conquiert sa place dans le crime, tout de suite. Cet essaim de gamins armés de poings américains, de bombes de gaz, parfois de couteaux, semble d'autant plus inquiétant qu'on sent ces garçons pris dans une logique suicidaire. Et lorsqu'il parle des affrontements chroniques avec les policiers, Mourad assure : «C'est un peu comme la gauche et la droite» ! A la cité Verlaine, la politique, c'est aussi un conflit entre bandes.

 

 

 

Une expo de caricatures religieuses vandalisée à Paris.

Alexandra GUILLET 
TF1/LCI, 30 mars 2006 

Un bar du XXe arrondissement de Paris qui expose depuis 15 jours des caricatures de presse raillant toutes les religions a été vandalisé en début de semaine par des jeunes du quartier. Les propriétaires ont porté plainte. L'un des exposants, Luz, le dessinateur de Charlie Hebdo, ne cache pas son étonnement.

Verres jetés à terre, cadres brisés : Marika, l'une des trois propriétaires du Café de la Mer à Boire, est encore sous le choc. Lundi après-midi, son petit bar-expo situé sur les hauteurs du parc de Belleville, dans le XXe arrondissement de Paris, a fait l'objet d'une attaque en règle par des jeunes du quartier au motif que sont exposées sur les murs de son établissement des caricatures de presse sur le thème " Ni Dieu, ni Dieu". Leurs auteurs, tels Charb, Luz (lire son témoignage en encadré), Willem, Faujour, etc..., presque tous collaborateurs du journal satirique Charlie Hebdo, s'en prennent à toutes les religions, sans distinction aucune.

Cinq gamins de 10-12 ans sont entrés dans le café pour réclamer un verre d'eau. "On les connaît bien, explique Marika. Ils jouent au foot dans le stade situé juste en face et ils viennent souvent nous demander de l'eau car leur fontaine est cassée. Mais là, on ne sait pas ce qui leur a pris. Ils ont commencé à nous traiter de ‘sales racistes' et à nous dire ‘vous n'avez pas honte', puis ils ont jeté leur verre par terre et sont partis". Quelques instants plus tard, ils revenaient à une douzaine, armés de bâtons de bois et de tiges d'acier, tapant sur les baies vitrées, avant de se décider, au bout de deux heures d'intimidations, à entrer dans le café pour casser quelques cadres. "Les dégâts sont légers car tous les clients se sont levés pour attraper les gosses et les mettre dehors", relate la patronne du café. Mais le plus fort dans tout ça, c'est qu'il n'ont même pas vraiment regardé les dessins!". 

"On va vous cramer le bar"

L'affaire aurait pu s'arrêter là. Mais vers 18 heures, les " grands frères " du quartier ont investi les lieux à leur tour. "Ceux qui ont parlé, on ne les avait jamais vu auparavant, mais ils avaient l'air plutôt modérés, poursuit Marika. Ils nous ont dit ‘c'est pas bien ce que les petits ont fait'". Mais aussitôt ce préambule diplomatique achevé, le ton change. "Vous non plus, ce n'est pas bien ce que vous faites. Votre bar, il est chez nous. Vous devez faire ce qu'on veut. Et si vous ne retirez pas ces caricatures, on va aller chercher les Frères musulmans de Belleville et on va vous cramer le bar". Et de tourner les talons. Depuis l'ouverture de leur bar en septembre 2005, les trois quinquas avaient déjà eu à gérer quelques dérapages ou provocations venant de jeunes du quartier. Là, pour la première fois, une plainte a été déposée.

"Les athées, bientôt, on va devoir s'exiler"

"Mais surtout n'exagérez pas les faits" nous demande Liliane, attachée de presse d'une partie des caricaturistes. "On n'ose pas trop parler de ce qui s'est passé parce que l'on ne veut pas de récupération par l'extrême droite. Et en même temps, peut-on taire ce genre d'acte?", s'interroge-t-elle tout haut. Quelques semaines après la flambée de violences engendrée dans le monde musulman par la publication des caricatures danoises du prophète Mahomet, les organisateurs de l'expo ne s'attendaient-ils pas à de telles représailles? "Bien sûr que c'est l'affaire des caricatures qui nous a inspiré l'idée d'une expo sur ce thème, explique Marika. On voulait donner par le dessin une lecture qui sorte des caricatures danoises et relancer le débat". Sur leur site internet, les organisateurs précisent : "cette exposition s'adresse à tous ceux qui refusent que la pratique d'une religion quelle qu'elle soit mette le monde à feu et à sang".

Mercredi, tous les dessins avaient retrouvé leur place. "Il ne faut pas céder, sinon, nous les athées, bientôt, on va devoir s'exiler", lâche Marika. Une précaution a toutefois été prise : les cadres situés près des fenêtres sont désormais recouverts d'une feuille blanche barrée "censuré", qu'il suffit de relever pour voir la caricature. Mardi prochain, à 19h30, une rencontre-débat se tiendra sur place avec les caricaturistes et les habitants du quartier. L'expo, elle, sauf nouveau coup de théâtre, devrait se poursuivre jusqu'à son terme, le 18 avril.

 

 

Publié dans apono11

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