UN VIRUS BIGARRÉ

Publié le par Monsieur Aponaute

Storytelling: La Ponaute traverse encore
de
Redoutables Épreuves !

 
La Ponaute a bien des soucis. Elle a des soucis de santé et des soucis financiers. Plaie d'argent n'est point mortelle, mais plaie de santé peut l'être. D'où le fait que ça la soucie grave la Ponaute.

D'abord elle a son sida qui est pas mal sous contrôle même qu'elle pète la forme, mais avec un nouveau traitement alors fatalement que ça la stresse la Ponaute vu qu'elle est du genre à stresser qu'elle en fait même de l'hypertension, à vérifier dès vendredi prochain. On lui donne le dernier combiné d'analogues nucléosidiques à la mode moins lipodystrophiant pour aller avec sa Viramune®, qu'on l'appelle Truvada®. Que la Ponaute elle moquait encore récemment une copine sous Truvada® en disant Trouvala® :

"Tant le trou va là qu'à la fin il se plombe".

C'était d'un goût douteux comme souvent avec la Ponaute. Depuis hier et son retour de Saint-Louis (pas dans le Missouri où que la copine Joe à la Ponaute qu'elle vivait et où qu'on fait les débats Obama MacDonald's '08, mais St-Louis l'hôpital), elle est donc sous Truvada®. À €17, 91 par jour les 2 analogues nucléosidiques de Truvada® contre €13,20 avant avec Combivir®, ça nous augmente le traitement quotidien de €4,70 par jour pour un total avec la Viramune® de €27,40, mais on va arrêter là avec la logique comptable qui conduit tout droit au néolibéralisme et donc à l'échec thérapeutique et surtout intellectuel, financier, économique et en un mot selon tous les éditoriaux du moment, moral. La santé à la Ponaute n'a pas de prix même si elle a un coût; il faut mieux laisser les vieilles molécules en générique aux nègres* qui nous ont refilé le sida c'est bien assez bon pour eux.

Surtout que les nègres* ont du mal avec les médocs. Le problème du médoc c'est l'assiduance. Ou la bravitude, la complitude ou l'assuétude, enfin je sais plus, un néologisme québecquois sensé challenger une compliance d'origine francophone mais qui a mal tourné aux States.

Hier, dans la salle d'attente de l'hosto préféré à la Ponaute, le quatre-quart traditionnel de la sidénologie était dignement représenté, comme autant de minorités visibles et fières. La recette ? Un quart de tapioles (dont deux tiers de young professionals urbaines musclées-bronzées-lookées lisant leur Libé mais jetant tout de même un oeil au-dehors pour se draguer, et le dernier tiers de vieilles moches lipodystrophiées qu'on regarde avec un peu d'empathie, un peu de respect dû aux anciennes combattantes et une légère condescendance), un quart d'hétéros avec leurs hétérottes ou le contraire, un quart de junkies et un quart de nègres* non assimilés.

Les sous-polulations, lymphocitaires et autres, peuvent se recouper. Comme les intersections patatoïdes des sous-ensembles des maths modernes de notre enfance qui nous ont aidés à détester les maths. Ainsi, on peut être nègre* et junkie. Dans ce cas, c'est en général au crack et pas à l'élégant rail à tapiole branchée «qui tape», qu'on peut sniffer élégament dans le Marais d'une paille d'or à son chiffre. Et ça donne un voisin de salle d'attente qui trépigne sur sa chaise en hurlant des conneries, qu'on a envie de buter quand on est une tapiole fasciste comme la Ponaute. Ça abrégerait ses souffrances et ça coûterait moins cher au contribuable.

Le problème des nègres* (enfin pas les gentils Mawtinikais fwançais, ceux d'Afrique), c'est donc qu'il peuvent pas bien complier. Une trithé (diminutif de trithérapie), c'est beaucoup d'assiduance, il faut être committé avec beaucoup de bravitude à son traitement. Pour les junkees c'est râté d'avance, les horaires ils connaissent pas, il n'y a guère que le sidatorium ou le crackorium comme solution, avec désintoxication. Les laisser dans la nature c'est pure folie.

Pour complier avec assiduitude, il faut encore savoir lire la notice du médoc. Et avant, de préférence, faut avoir pu lire l'ordo. Qui ne fait somme toute que rappeler ce qu'a dit le docteur ou plus fréquemment la docteuse. Et là, c'est loin d'être gagné pour certains. On ferait mieux de renvoyer tout ça dans leur pays en les recolonisant pour que leurs dispensaires soient à nouveau bien tenus avec des bons génériques qu'on leur expliquerait dans leurs idiomes comment les prendre.

Bon l'important pour la Ponaute c'est de pas s'énerver parce qu'elle est hypertendue. Donc que les nègres* puissent ou non se soigner après tout on s'en fout, et que la bourse vacille aussi. L'important c'est que l'économie occidentale reste suffisamment performante pour trouver des molécules toujours plus légères à la Ponaute. Les semaines à venir nous donneront une indication, et si tout se casse trop la gueule la Ponaute ira en Afrique trouver un marabout compétent, elle a bien sa soeur à Trouvala qui est allée à Bourges chez un radiesthésite ! ! !

Hein ma choupette, tu te sens conne ma fille ?



* Ne pas prendre le noble mot de Senghor et de Césaire dans un sens vulgaire, trivial, et pour tout dire raciste : il est plus propre au contraire, à décrire les blacks et autres gens de couleur que tout autre vocable de la novlangue de l'Europe
non frileuse, ouverte à toutes les cultures, qui ose le risque du métissage bigarré dans la joyeuse mosaïque culturelle d'une immigration, surtout africaine, qui est toujours une chance.

 

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